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D'autres disparitions à Mourmelon :
Les disparitions mentionnées dans le tableau suivant n'ont jamais été rattachées à la procédure de l'affaire
des disparus de Mourmelon.
Ce sont souvent des journalistes qui ont tenté d'établir un lien. Il est vrai que les circonstances peuvent paraître très différentes.
C'est probablement pour cette raison que les magistrats instructeurs ont rapidement exclu ces victimes.
Trop rapidement? Les conclusions de certaines enquêtes laissent dubitatifs : un noyé sans eau dans les poumons, un déserteur à quelques
jours de la quille, un suicidé portant des traces de coups... On est en droit de penser que les enquêtes ont été pour le moins
superficielles ou classées hâtivement sans suite.
Il est vrai qu'il existe de rééls cas de désertion. On peut même penser que certains ont exploité l'affaire de Mourmelon pour tenter de se soustraire à
leurs obligations militaires (voir les articles sur la désertion de Guy Antoniak :
[JPEG 113 KO]
[JPEG 141 KO]).
Si le lecteur pense posséder des éléments susceptible de confirmer ou d'infirmer ces doutes, nous le remercions de nous communiquer ces informations
par courrier électronique.
Il existe deux autres dossiers qui posent encore plus de questions. Il s'agit de deux jeunes appelés qui ont disparu à proximité
du camp militaire de Valdahon. Les dates, les circonstances, les personnes pouvant être mises en causes amènent rapidement à établir un lien
étroit avec Mourmelon. Ce lien, la justice ne l'a pas fait, alors qu'elle avait connaissance de ces deux disparitions avant la clotûre de
l'instruction de Mourmelon.
[lire le texte sur les disparus de Valdahon]
Nom
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Date disparition
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Circonstances
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POLI Christian (militaire)
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Lundi 4 août 1980
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Ce jeune appelé varois disparaît en août 80 en se rendant à Mourmelon.
Dans le cas de cette disparition, la gendarmerie a commis une faute de procédure grave : elle n'a pas établi le "renseignement
judiciaire" qui aurait du parvenir au Procureur de la République.
Plus tard la Juge d'Instruction refusera de retenir cette disparition.
"Nous ne sommes pas chargés de retrouver tous les disparus de France" aurait-elle déclaré aux enquêteurs de la gendarmerie.
Jamais retrouvé.
"Comment à trois jours de la quille Christian aurait-il pu être déserteur ?" s'interroge un ami d'enfance...
(article du journal Le Parisien du 22 février 1982)
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VASSEUR Pascal (militaire)
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Dimanche 15 novembre 1981
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Découverte du corps de Pascal Vasseur, 19 ans, originaire de Lille, jeune appelé du camp de Mourmelon, trouvé noyé dans la Moselle,
le 24 décembre 81 à Gondreville (Meurthe et Moselle). Il ne lui restait que quelques jours avant la fin de son service militaire. Il
était à Mourmelon en manœuvres avec le 4ème régiment de Dragons, à Pont-Saint-Vincent.
Les gendarmes concluent à une mort naturelle (noyade en état d'ivresse).
Les parents de Pascal VASSEUR ne croient cependant pas à la thèse de l'accident. Ils font remarquer qu'on n'a pas retrouvé d'eau dans
ses poumons, ce qui devrait exclure une noyade. Ils n'ont toutefois pas obtenu une réouverture de l'enquête.
(article du journal Le Parisien du 8 septembre 1988)
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NOYER Guy (civil, 17 ans)
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Dimanche 7 mars 1982
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Disparition de Guy Noyer à proximité de Mourmelon en mars 1982 à la sortie d'un bar vers 1 heure du matin.
Jamais retrouvé.
[article d'Isabelle HORLANS dans le journal L'union du 18 avril 1989]
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GAUDRY Alain
(civil, 17 ans)
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Vendredi 27 avril 1984
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Lycéen de 17 ans, il a disparu dans les environs de Verdun (Meuse).
Il préparait un BEP à Verdun et pratiquait souvent l'autostop pour rentrer chez ses parents à Mouzay (Meuse).
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SALAH Tahar (civil, 15 ans)
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Lundi 7 novembre 1985
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Il a disparu alors qu'il faisait de l'auto stop entre Suippes où il résidait et Chalons-sur-Marne (Marne). Son cartable
a été retrouvé derrière un supermarché de Suippes.
Il avait antérieurement fugué à plusieurs reprises, entretenait relations difficiles avec certains de ses frères qui lui
reprochaient ses mauvaises fréquentations ainsi que des faits délictueux en rapport avec les produits stupéfiants.
L'information judiciaire est clôturée par une ordonnance de non-lieu. Thèse retenue : fugue, mais les gendarmes ne l'ont jamais retrouvé.
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PUYPALAT Laurent (militaire)
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Mercredi 25 décembre 1985
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Le cadavre du jeune appelé de 21 ans originaire de Vannes, affecté au 402ème régiment d'artillerie de Châlons-sur-Marne a été
découvert le jeudi 2 janvier 1986 à Saint-Martin-sur-le-Pré, au bord de la RN44, dans l'enceinte d'un relais hertzien.
"Il est torse nu, porte des traces de coups. En pleine nuit, il a couru là en voyant de la lumière. Il a frappé à grands coups
de poings contre la porte métallique du relais pour qu'on lui ouvre. Les traces de boue laissées par ses doigts sur la porte en
apportent la preuve. Etait-il poursuivi ? L'autopsie conclut que le jeune homme est mort de froid."
(articles du journal Le Parisien du 2 janvier et du 4 février 1986)
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COLLIGNON Philippe (militaire)
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Vendredi 15 juillet 1988
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Officiellement, le soldat de 1ère classe Philippe COLLIGNON est considéré comme déserteur par l'armée depuis le 28 août 1988.
Ce militaire de 22 ans qui servait dans un régiment d'infanterie de marine de Vannes n'a pas réapparu depuis la nuit du 14 au 15 juillet.
Il avait passé la soirée avec des amis à Belleville-sur-Meuse, à 75 km de Mourmelon.
Equilibré et sportif, le jeune homme n'était pas dépressif et supportait bien l'armée, indiquent ses proches. Jamais retrouvé. Condamné pour désertion.
[Voir l'article de Nord Eclair du 3 septembre 1988]
[Voir l'article de L'Union du 3 septembre 1988]
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Avant Mourmelon, aux moins deux disparitions similaires à Valdahon :
La disparition de Michel GIANNINI :
Michel GIANNINI, né le 11 mai 1957 à Marseille, devance l'appel et se trouve affecté au 30ème Régiment de Dragons, stationné à Valdahon (25)
à compter du 3 octobre 1975. Pierre CHANAL est à cette période adjudant instructeur au sein de ce régiment.
Michel GIANNINI effectue un séjour à l'hôpital militaire de Dijon (21) du 20 au 31 octobre 1975. A l'issue, il quitte l'hôpital dans des conditions non déterminées.
Il est porté déserteur à compter du 1er novembre 1975 à 6 heures. Sa famille n'est avisée de cette disparition qu'à compter du 8 novembre 1975, date à laquelle la
gendarmerie de Septemes-les-Vallons (13) débute son enquête pour désertion.
C'est dans ce cadre qu'il est procédé à une mesure de perquisition au domicile de la famille GIANNINI le 17 janvier 1977, après qu'ait été délivré un mandat d'arrêt
à son encontre le 10 décembre 1976 par le juge d'instruction du TPFA. Les investigations sont pratiquement inexistantes, notamment dans le cadre militaire. Elles
ne visent qu'à rechercher un " déserteur ". Elles ne permettent de mettre en évidence aucun indice, ainsi qu'en témoigne le procès verbal dressé par les services
de gendarmerie le 26 janvier 1976. C'est dans ces conditions que Michel GIANNINI est condamné par défaut, le 21 juin 1977, à une peine de 3 ans d'emprisonnement
par le Tribunal permanent des armées de Metz. A la suite de la loi d'amnistie n°81-736 du 4 août 1981, il est établi par les autorités militaires un nouvel ordre
de mission visant à lui faire effectuer le reliquat de 10 mois de son temps de service national. De nouveau, les gendarmes de la brigade de Septemes-les-Vallons
(13) se présentent au domicile de Michel GIANNINI le 14 septembre 1981. Ils rencontrent, à cette occasion, le père de l'intéressé, Monsieur Robert GIANNINI
brigadier de police, lequel leur indique qu'il n'a aucune nouvelle de son fils depuis 1975, qu'il est terriblement inquiet et qu'il a vainement multiplié
les demandes d'enquêtes.
Une nouvelle "enquête" est menée par la brigade territoriale de gendarmerie de Septemes-les-Vallons (13) qui clôture son dossier par un procès verbal de
renseignements militaires en date du 19 février 1982 ainsi libellé :
"l'intéressé a quitté Septemes-les-Vallons (13) depuis 1975. Son père nous a précisé qu'il n'a plus revu son fils depuis, qu'il ignore totalement où il se trouve".
Il est justifié par diverses requêtes adressées par la voie hiérarchique les multiples démarches effectuées par le père de cet appelé qui n'aurait pas dû pouvoir
si longtemps après être encore considéré comme un simple déserteur, de nouveau condamné pénalement de ce chef, sans investigations sérieuses.
Ce n'est qu'en septembre 2001 que l'enquête est reprise par la brigade territoriale de gendarmerie du Valdahon (25). A cette date, l'avocat de la famille GIANNINI
saisit Monsieur le Procureur de la République du Tribunal de Grande Instance de Besançon afin de le faire déclarer absent.
Ce n'est qu'à cette date qu'un lien est fait par les services d'enquête entre le mis en examen du dossier dit des "Disparus de Mourmelon" et la disparition de Michel
GIANNINI, survenue 26 ans auparavant...
Aucune des nombreuses démarches accomplies par son père Robert Giannini (sous-brigadier de Police) , tant auprès des autorités de gendarmerie que de police, n'a
suscité un quelconque intérêt de la part de ces autorités.
Aucun rapprochement n'est fait par les enquêteurs entre cette situation et celle des jeunes qui disparaîtront quelques années plus tard dans le département de
la Marne.
La disparition d'Aldo TACCHINI :
Né le 28 août 1958 à Nogent-sur-Marne (94), Aldo TACCHINI est incorporé au 30ème Régiment de Dragons de VALD'AHON ((25) à compter du 2 juin 1977, où il
est affecté au sein du 11ème escadron pour son instruction.
A compter du 30 juin suivant, il est muté au 3ème escadron de ce même régiment. A cette date, Pierre CHANAL adjudant au sein de cet escadron est en partance
pour sa nouvelle affectation à Mourmelon le Grand qu'il rejoindra le 3 Juillet 1977. Le jour même de son arrivée dans cet escadron, le jeune TACCHINI est désigné
pour réaliser une garde dans la nuit du jeudi 30 juin au vendredi 1er juillet 1977. Il est considéré absent à compter du 1er juillet à 8 heures et une procédure
pour désertion est alors mise en oeuvre par le Régiment. Il est condamné par jugement rendu par défaut le 15 mai 1979 à une peine de 3 années d'emprisonnement.
Les différentes plaintes adressées par les parents d'Aldo TACCHINI ne font l'objet d'aucune enquête sérieuse : e 24 octobre 1983, Madame TACCHINI saisit
le Ministre de la Défense d'une demande d'explication, demande ayant donné lieu à une réponse l'assurant d'une intensification des recherches de son fils, ...
sans aucune traduction policière ni judiciaire.
Madame TACCHINI saisit le Procureur de la République de BOBIGNY d'une nouvelle plainte datée du 25 février 1994. Monsieur le Procureur de la République transmet
cette plainte à la brigade territoriale de NEUILLY SUR MARNE pour investigation. Sans même avoir mené la moindre investigation, la gendarmerie clôturait son enquête.
Une telle inertie ne peut qu'apparaître choquante quand on sait :
- qu'Aldo TACCHINI a disparu au sein du 30ème Régiment de Dragons de Valdahon alors qu'il effectuait son service national,
- que Pierre CHANAL appartenait, à cette date, à cet escadron et qu'il logeait à moins de 100 mètres du lieu où le jeune homme était en faction.
- que les services de gendarmerie avaient, à compter de 1987, adressé, à tous leurs collègues de France, un signalement de recherche d'un individu
pouvant être l'auteur de meurtres sur la personne de nombreux appelés du contingent disparus mystérieusement,
- que Pierre CHANAL avait, en 1988, été interpellé à grand renfort médiatique,
- qu'il venait, en juin 1993, d'être mis en examen dans le dossier dit des "Disparus de Mourmelon".
- qu'en 1994 il était sur le point d'être remis en liberté, la presse nationale relayant de manière très régulière les évolutions de l'instruction menée,
tant à Chalons-en-Champagne qu'à Saint-Quentin.
Voir l'article de France Soir :JPEG 367 KO
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